19 novembre 2006

 

Casse tête pour Sarkozy

medium_sego_melle.jpgLa candidate désignée des socialistes à la présidentielle de 2007, Ségolène Royal, plaît surtout aux Français parce que "c'est une femme", selon un sondage Ipsos à paraître dans le Journal du Dimanche. A la question "Qu'est-ce qui vous attire le plus dans la candidature de Ségolène Royal", 37% des sondés répondent "c'est une femme", tandis que 21% estiment qu'elle "incarne le renouveau de la gauche" et 18% qu'elle est "la seule capable de battre Nicolas Sarkozy au deuxième tour". Chez les sympathisants socialistes, les réponses arrivent dans le même ordre, 41% d'entre eux répondant que c'est d'abord parce qu'elle est une femme, 33% qu'elle incarne le renouveau de la gauche et 30% qu'elle est la seule capable de battre M. Sarkozy. (sondage réalisé par téléphone auprès d'un échantillon de 801 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas).

Pour Ségolène Royal, la résultat du vote pour l'investiture socialiste n'est pas un succès. Ce n'est pas une victoire. C'est un triomphe. Avec plus de 60 % des voix et une participation massive, elle a obtenu un véritable plébiscite du peuple des militants socialistes. Sa performance, à l'issue d'une bataille aussi inédite que longue et éprouvante, ne souffre aucune contestation.

Ce mouvement d'affirmation des femmes, cette lame de fond qui a balayé le Chili, l'Allemagne, et envahit les Etats-Unis, cette féminisation des plus hauts postes de responsabilité politique, ne pouvait épargner longtemps encore la France. Ségolène Royal a surfé en majesté sur cette vague-là dont aucun de ses concurrents n'a pris la mesure.
Sa différence était visible, elle n'a cessé de la souligner et ses adversaires de la caricaturer, lui rendant ainsi un singulier service. « Je suis une femme et ça se voit », disait-elle en souriant.

Une femme à la cinquantaine épanouie, bien dans ses escarpins et sa vie et qui revendique sa féminité. Elle n'a pas honte de son sexe ni des sujets de « fille » : l'écologie, la famille, la santé, la démocratie directe, la morale, que ces messieurs rejettent avec mépris alors qu'ils sont centraux dans la société. Elle n'a plus fait de complexe de compétence masculine: Les messieurs experts ont tellement failli ces dernières années, qu'elle dispose d'un crédit d'avance, puisqu'on ils ont tout essayé.

Depuis le début, la droite sarkozyste est perturbée par Ségolène Royale. D'abord parce que c'est une femme et, à droite plus encore qu'à gauche, on n'a pas la culture de la mixité et encore moins de l'affrontement mixte. La politique, particulièrement pour les sarkozystes et pour Sarkozy lui-même, ce n'est pas un dîner de gala, c'est la poursuite de la guerre par d'autres moyens. C'est une affaire d'hommes violents, impitoyables, qui ne convoquent les dames à la tribune que pour la décoration ou les rafraîchissements. Dès hier, ces messieurs se répandaient dans les couloirs du Conseil National de l'UMP, pour expliquer que le combat serait inégal, qu'avec DSK l'issue aurait été plus incertaine, alors que, face à Ségolène Royal, c'était du gâteau, du mille-feuilles, parce qu'elle avait montré ses limites, parce qu'elle allait exploser en campagne, cette faible femme.

C'est la même sous-estimation dont elle a bénéficié à gauche. Cette mésestime pour le sexe opposé dont les Français ne veulent plus. Pour Sarkozy, en tout cas, voilà un défi auquel il n'avait pas été préparé. Car il a été formé et déformé à l'école Chirac, celle de la rue, du roulement de biceps et de mots, des démonstrations et des parades de force. Comme le dit l'un de ses proches, il va lui falloir faire de l'aïkido quand il n'a jamais pratiqué que la boxe avec les pieds et avec les poings. Sarkozy va devoir se montrer plus féminin. Inutile de dire qu'il y a du boulot ! On l'a vu au Conseil National avec MAM accueillie par les sifflets et les huées : au lieu de la couvrir de fleurs pour excuser l'accueil discourtois, Sarkozy s'est montré tranchant, cassant, butor. Il a commis une faute qui pourrait peser lourd, victimisant MAM et facilitant sa très éventuelle candidature.

Alors, face à Ségolène qui représente tout ce qu'il déteste et admire à la fois, la féminité raffinée et bourgeoise, la gauche énarchique et morale, il aura du mal, beaucoup de mal, à retenir ses humeurs, ses colères et sa virilité coqueritante.

Sources AFP, Nicolas Domenach, La révolution Féministe, Hebdomadaire Marianne

[Source: Segoloscope]

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