03 juin 2006

 

Une gauche ferme

Edito du Monde
LE MONDE | 03.06.06 | 12h58


La campagne pour la désignation du candidat socialiste à l'élection présidentielle a vraiment démarré. En prenant position comme elle l'a fait, mercredi 31 mai, à Bondy, sur l'insécurité dans les quartiers difficiles et sur la politique à mener face à la délinquance des jeunes, Ségolène Royal s'est emparée d'un des sujets majeurs du débat national. Elle a affiché clairement ses idées et démenti tous ceux qui l'accusent de les dissimuler ou de ne pas avoir de programme. En quelques phrases, elle a esquissé une doctrine de fermeté qui bouscule les conceptions habituelles de la gauche. Elle a engagé le combat avec le chef de file de la droite, Nicolas Sarkozy, sur le terrain favori de ce dernier : la sécurité et l'autorité.


La députée socialiste propose une reprise en main des mineurs délinquants et des parents qui se montreraient incapables de tenir leurs enfants. Les premiers sont menacés, en cas de délit ou de grave perturbation de l'ordre scolaire, d'être placés dans des internats-relais ou, à partir de l'âge de seize ans, dans des "établissements à encadrement militaire". Les seconds sont invités à veiller au grain, sous peine d'être obligés de suivre "un stage dans des écoles de parents" et de voir leurs allocations familiales placées sous tutelle.

L'audace de Mme Royal est réelle. Elle se moque des tabous, parle sans langue de bois et avance des propositions de nature à hérisser une grande partie de ses amis politiques. Le langage de la répression n'est pas le plus doux aux oreilles des socialistes et de la gauche en général, qui préfèrent parler d'accompagnement social et de prévention.

Mais Ségolène Royal s'inscrit aussi dans la filiation de deux ministres de l'intérieur socialistes comme Jean-Pierre Chevènement et Daniel Vaillant qui avaient considéré la sécurité comme un droit social et développé la police de proximité. Elle va désormais encore plus loin et adopte une posture qui rappelle celle du démocrate américain Bill Clinton déclarant la "guerre à la criminalité" en 1992 ("war on crime") et celle du travailliste britannique Tony Blair affirmant, en 1997, la nécessité de sévir à la fois contre la délinquance et contre les causes de celle-ci ("tough on crime, tough on the causes of crime").

Certaines idées émises par la présidente du conseil régional Poitou-Charentes sont intéressantes. Celle de sortir l'artillerie lourde pour punir un primo-délinquant l'est beaucoup moins, car une simple admonestation judiciaire suffit, dans plus de 70 % des cas, à faire rentrer dans le droit chemin le fautif. Il reste que le débat est ouvert et que Mme Royal a le mérite d'afficher clairement que la droite n'a pas le monopole de la sécurité. Voilà qui est à porter au crédit de la candidate putative du PS.

source:

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-779274,0.html


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